Originaire d’Angers, Lil’Ange est une artiste pop-rap aux influences éclectiques. La rappeuse/chanteuse/beatmakeuse trans nous parle de son parcours, de ses rôles modèles, de la place de la musique dans sa construction et de ses projets.
Quand et comment as-tu commencé à faire de la musique ?
Au départ, en 2020, je faisais ça pour tester sans grandes prétentions. Je me disais que j’allais probablement arrêter assez vite. Puis, j’ai découvert BandLab où j’y ai testé beaucoup de choses.
Lors du second confinement en automne, j’étais dans une phase de déprime, de solitude et d’introspection. Je ne voyais plus vraiment passer les journées et j’avais envie d’arrêter tout ça mais sans le vouloir vraiment.
Puis j’ai publié un freestyle assez vite fait en story Instagram qui parlait de mon rapport avec la saison automnale en général. J’ai bien aimé le faire, ça m’a aidé à mettre des mots sur mes maux. Après ça, j’ai donc écrit un son sur un beat du type 2Step pour entamer mon nouveau départ.
« ADIEU 2020 » est sorti le 1er janvier 2021 puis j’ai sorti “CONFIDENCES” le 22 avril 2021 que je considère comme mon tout premier vrai son, où je me confiais sur une phase difficile de ma vie : le fait d’avoir été harcelée et de perdre toute confiance en soi pendant plus de 10 ans.
Ensuite, j’ai sorti un EP estival pour penser à autre chose. C’était le début de « Cité D’Or ». Puis énormément de choses se sont passées. En 4 ans de vie artistique, j’ai produit énormément de contenu dont l’énorme majorité a été supprimé depuis.
Quels étaient tes rôles modèles en grandissant ?
Ma mère, pour commencer. Elle m’a toujours permis de voir une certaine indépendance chez les femmes. J’ai grandi dans une famille ouverte d’esprit et c’est cool. C’était ma confidente avant que ma petite amie ne reprenne ce rôle.
Je dirais aussi des artistes comme Soprano, Orelsan et Chilla, qui m’ont aidé à voir de l’espoir dans chaque situation où ça peut s’avérer « Perdu d’avance » mais « Puisqu’il faut vivre » autant rêver et viser la « Mūn » (« Lune » en malgache, origine de Chilla). À part ça, je ne dirais pas que j’ai des rôles modèles mais plutôt des inspirations tout simplement.
Pourquoi as-tu décidé de te mettre au rap ?
En vrai, je n’ai jamais fait QUE du rap. J’ai testé pas mal de choses ! Du coup, la question est plutôt pourquoi j’ai décidé de faire de la musique. Et ma réponse est assez courte. J’ai grandi dans une famille qui m’a donné une énorme culture musicale, des années 50 aux années 2000.
Le reste, tout simplement ce que j’écoutais à la radio, à la TV, sur YouTube… J’ai très vite adoré écouter de la musique et voulu essayer d’en faire. Mais à aucun moment je ne pensais que ça me mènerait où je suis.
Après, j’ai quand-même eu une période dans mon enfance où j’avais eu un harmonica, une guitare, des jouets musicaux éducatifs genre un petit xylophone, un piano pour enfant… Je pense que c’est juste allé plus loin avec le temps.
Tu es également beatmakeuse. Comment as-tu découvert et appris cette pratique ?
Avec BandLab, en testant énormément de choses encore. J’avais sorti en juin 2020 sur les plateformes un album de 12 morceaux instrumentales nommé Sonorités Vol.1 et il n’y aura jamais de suite lol. Ce n’était pas ouf.
Puis ensuite, le fait de mixer moi-même mes titres jusqu’à maintenant m’a aussi aidé à progresser pour les instrus.
Après, je n’ai pas de formation en mixage sonore. Donc en soi, des gens qui s’y connaissent trouveront probablement que le mix est trop amateur. Mais aujourd’hui, je m’en fiche un peu. Je fais mon truc et si ça plaît à des gens, tant mieux.
Par contre pour mes projets principaux, j’ai bien compris que j’avais besoin de m’entourer et ce n’est évidemment pas si facile. Surtout avec mon rythme de vie actuel. Mais bon, j’espère y arriver.
Comment décrirais-tu ta musique et ton identité artistique ?
J’ai un style qui frôle le mainstream mais qui reste assez underground dans ma façon de concevoir ma musique. J’essaie de toujours trouver le juste milieu entre créativité débordante, cohérence avec ma direction artistique et authenticité naturelle. C’est pas toujours facile, je dois bien l’avouer lol.
Quel est le premier morceau que tu as partagé publiquement et quelles ont été les réactions de ton entourage/ta communauté ?
Il est sorti le 1er février 2020 sur un type beat trap sombre d’un beatmaker nommé Savage (l’instru est toujours disponible en plus). Et c’était un morceau nommé « Guillotine de Platines » (oui moi aussi comme Effy, je voulais « ramener le platine » haha). Ce n’était pas fou, mais c’était juste un début.
Les retours ont été mitigés. Mes parents détestaient mais il y a des gars qui aimaient bien. Après ce n’était pas fou fou niveau paroles, flow, toplines, style… Il n’y avait rien à garder à part cette détermination. Mais il faut bien commencer quelque part !
Tu as sorti ton premier album en janvier. Peux-tu nous raconter comment tu as travaillé sur ce projet et ce qui l’a inspiré ?
J’ai travaillé dessus en voulant répondre à une question : « Comment terminer cette histoire définitivement et sans aucun regret ? » La réponse est simple. En y allant à fond ! Malgré la douleur que j’avais avec mes dents de sagesse pendant toute cette période… Mais bon on prend quelques trucs pour soulager et c’est bon. Un « sandwich » m’aurait probablement aidé, mais je ne fume pas lol.
En fait, il fallait que je clôture une ère avec mon premier album. Dans ce projet, il y a des titres comme “Rêves” ou “Mélodie Angélique” qui ont leur origine dans des textes que j’avais écrit en 2020 ou 2021. J’avais envie d’avoir un projet qui est dur à étiqueter en lui-même, d’où les multiples influences.
Puis aussi, j’adore les œuvres qui racontent une histoire et où on ressent les émotions que veut nous faire passer l’artiste. Donc j’avais envie de faire un projet hautement immersif.
Est-ce que tu vis de la musique ? Si non, est-ce un objectif à terme ?
Clairement pas non lol ! Là actuellement mon album m’a rapporté 3,75€ pour les streams donc bon… C’est bien, je peux m’acheter un petit déjeuner, c’est déjà ça.
En vrai, oui, j’aimerais en vivre. Maintenant, je ne crois pas que je sois faite pour une vie de célébrité. Je préférerais en vivre sans les problèmes qu’apportent le fait d’être connue. Je crois que j’aimerai bien signer dans un label au final. L’indé c’est bien, mais à long terme, je crois que ce n’est pas pour moi.
Je préfèrerais être dans un petit label, pas une énorme major. Mais oui, un contrat d’édition en maison de disques, je pense que ce serait mon objectif actuellement.
J’aimerais beaucoup signer un jour dans le label Sublime de Disiz, Panenka de PLK ou un autre label comme ça où je pourrais m’épanouir sans qu’on me force à faire des choses que je ne veux pas.
Maintenant, mon problème aussi, c’est l’aspect live. Je n’ai jamais fait de réel concert, seulement des scènes ouvertes. Je pense que ça ferait peut-être comme Shay, et que je ne ferais pas de tournée avant un long moment. Voire peut-être même jamais. Ce genre de choses est très compliqué à organiser.
Quels sont tes prochains projets ?
Poster du contenu sur Instagram (freestyles, covers, remixes de sons connus peut-être…).
Continuer mon podcast QUEENS FRIDAY où je fais découvrir cinq rappeuses francophones chaque mois sur mon compte Instagram et sur Spotify.
Faire des featurings pour m’amuser et que ça me permette d’augmenter ma visibilité. Terminer et sortir quelques CDs pour mon album.
Et après tout ça ? Seul l’avenir nous le dira…
Que peut-on te souhaiter ?
De ne pas perdre ma passion, de ne jamais abandonner, de la réussite dans mes projets et de laisser une trace dans le rap queer voire si possible, dans le rap français en général. La santé mentale et physique, c’est bien aussi !
Retrouvez Lil’Ange sur Instagram, YouTube et Soundcloud.