Rappeuse de 28 ans originaire du Mans (72), Hvrley Qveen a d’abord travaillé dans la maroquinerie de luxe avant de se lancer dans la musique. Fraîchement diplômée de la formation MuMA (Musicien interprète des Musiques Actuelles) de l’école nantaise Trempolino, elle vient tout juste de sortir premier EP Reset. L’occasion de discuter avec elle de son parcours dans le rap et de ses projets.
Pourquoi avoir choisi le nom Hvrley Qveen et à quoi fait-il référence ?
Le lien est évident avec l’anti-héros de DC Comics. J’ai emprunté ce patronyme car celui-ci rassemble tous les codes que je souhaite défendre : la femme indépendante, classe, mais qui peut aussi avoir une certaine folie. Ici, pas de tenue d’arlequin ou de couettes acidulées : le diable s’habille en Guess ou en Hermès. Combo tailleur rose pâle, talons et féminité de hard-working girl assumée à 100 %.
Quand et comment as-tu découvert la culture hip hop et/ou le rap ?
C’est avec mes deux grands frères que j’ai découvert cette musique, dès l’enfance. À l’époque, ils nous mettaient des casquettes sur la tête (avec ma soeur jumelle) et nous faisions le show sur du IAM ou encore du NTM. Par la suite, j’ai été absorbée par l’univers du G-Funk, autant américain (Warren G, DJ Quik, Da Brat…) que français (Aelpéacha, MSJ, Driver…). Au fil du temps, je me suis ouverte de plus en plus aux musiques actuelles (trap, trillwave, drill mais aussi pop et autres…).
Depuis quand rappes-tu ? Y’a-t-il eu un événement particulier qui t’a poussé à te lancer ?
Je rap depuis 2015, j’ai commencé à écrire mes premiers textes quand j’ai découvert le G-Funk. À cette époque, je rentrais dans le monde des adultes et il me fallait un exutoire pour encaisser tout ce que la société voulait me faire vivre. Je me sentais comme « bloquée », prise dans les griffes des pensées de madame-tout-le-monde, j’avais besoin de rêver et d’y croire.
Ton titre « À la base » sorti en août 2021 sonne plus pop que tes morceaux précédents, plus trap. Comment définirais-tu ta musique et ton univers artistique ?
Tout comme le personnage d’Harley Quinn, ma musique est très sombre ou mélancolique mais aussi très joyeuse, comme une double personnalité. Elle peut-être heureuse avec ses copines et triste à cause du Joker. Ce qui correspond tout à fait à mon univers artistique. Un univers cinématographique à la fois inquiétant et coloré, une ambiguïté qui se marie à merveille avec cagoule et talons hauts. Un contraste entre grosses 808 et voix de tête.
Comment travailles-tu tes morceaux ? As-tu une équipe qui t’accompagne ?
L’EP « Reset » a été produit entièrement au Mans, par Nkess (artiste multi-casquettes). Durant trois mois, nous avons programmé plusieurs sessions dans son studio où il a composé, enregistré et mixé l’EP.
Quant à moi, j’ai écrit les textes en étant attentive à certains retours pour une qualité optimale. TITVN, mon managern à pris en charge la partie visuelle (clips et photos) mais m’a aussi permis de développer mes contacts et mes réseaux.
Pour mes autres projets, je travaille habituellement seule, dans mon home studio où je m’enregistre et mix, et travaille sur la composition depuis peu. Dans le but d’être au maximum indépendante.
Comment écris-tu ? As-tu des routines particulières ou des thèmes de prédilection ?
Bien entendu, je commence par choisir une prod, poser une top-line et selon l’ambiance dégagée, je commence à écrire. Mon thèmes de prédilection est à l’image d’une femme d’affaire qui a un but précis : faire de l’argent. Je me projette beaucoup et la loi de l’attraction m’aide à m’affirmer dans mes textes.
À quoi ressemble la scène rap au Mans ? Es-tu en lien avec d’autres rappeuses locales ?
Il y a des artistes talentueux au Mans, j’en connais quelques-uns ( rappeurs comme beatmakers ). Quelques équipes essayent d’organiser des scènes comme Blossom Theory qui ont fait une scène ouverte cet été. Avant le Covid, Cindy faisait bouger Le Mans avec des open mics. Mais à part ça, faire des concerts ici reste compliqué. La ville ne semble pas vouloir mettre en avant la culture rap plus que ça. Comme dans beaucoup de villes finalement.
Niveau rappeuses, hélas, je n’en connais aucune ici (il doit certainement y en avoir, je ne demande qu’à découvrir).
Quelles sont les femmes qui t’inspirent et pour quelles raisons ?
Bia est mon artiste de référence. Elle m’inspire beaucoup car elle est dans l’air du temps, sexy, classe avec énormément d’attitude dans son rap et dans son style.
Te définis-tu comme féministe ? Si oui, comment définirais-tu ton propre féminisme ?
Qui n’est pas féministe aujourd’hui ? On devrait tous l’être et je trouve triste que cette question revienne tout le temps, mais cela fait partie de notre quotidien. Si je devais définir mon féminisme, je dirais « la femme au pouvoir » ! C’est trop ? Donc je vais simplement répondre « l’égalité ».
Est-ce que le rap est ton activité principale aujourd’hui ? Si non, est-ce un objectif à terme ?
Oui, elle l’est depuis cette année. J’ai pris la décision d’y consacrer tout mon temps et mon énergie.
Quels sont tes projets à venir ?
D’autres EP sont en cours et, comme je l’ai expliqué auparavant, ils seront 100% fait maison (independent woman). Pour structurer mes projets, je compte monter une association et, pourquoi pas par la suite, créer mon propre label.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
Je trouve super que ce média existe, c’est le premier de ce genre en France ! De plus, il m’a fait découvrir beaucoup d’artistes d’origine étrangère. Pour ce qui est des améliorationsn (je vais surement tout mélanger), mais ça serait vraiment quelque chose si vous organisiez un évènement 100 % rap féminin. Love sur vous.
Je trouve cette artiste très distinguée, je pense qu’elle va percer dans le métier !!!très féminine c’est jolie pour les yeux
Bonne continuation…