Née à Haïti, Jey Lowcy a grandi en Bretagne avant de passer cinq ans à Paris pour développer sa passion pour la danse hip hop. La rappeuse/danseuse nous parle de sa rencontre avec DJ Idem, de son univers artistique et de ses projets.
Quand et comment as-tu découvert le hip hop ?
J’ai commencé à faire de la danse hip hop super jeune. J’ai aussi graffé avec un crew de ma ville. J’ai toujours kiffé la musique hip hop. J’ai beaucoup été influencée par les rappeuses Nicki Minaj et Missy Elliott et forcément Diam’s en France. J’étais fan d’elle quand j’étais petite, je connaissais tous ses sons par cœur.
J’ai commencé à rapper vers l’âge de 11 ans. J’écrivais des textes en secret et quand je suis arrivée à Paris, où j’ai passé cinq ans pour la danse, j’ai rencontré des rappeurs et ça m’a donné envie de m’y mettre. J’ai rencontré DJ Idem qui m’a donné l’opportunité d’enregistrer en studio et de faire des clips.
D’où vient ton nom Jey Lowcy ?
Ça vient de ma sœur. Quand elle était petite, elle était fan de Jennifer Lopez (J-Lo). J’ai voulu garder ce délire d’enfance et j’ai rajouté « cy » à la fin. J’ai commencé à m’appeler comme ça au collège et c’est resté.
Tu as fait tes classes à Brest avec le groupe de danse TSC (Tous Styles Confondus) avant de fonder ton propre crew Bad Gals. Quelle place occupe la danse dans ta vie aujourd’hui ?
À Brest, j’ai fait une école qui s’appelle TMD (Techniques de la Musique et de la Danse). J’ai intégré l’école pour la danse classique, jazz et contemporaine, mais je voulais continuer à faire du hip hop. Du coup, j’ai intégré le groupe TSC avec un de mes meilleurs potes, Karma, qui est aujourd’hui un grand danseur à Paris. Avec eux, j’ai pu continuer à développer cet intérêt pour la danse hip hop.
En arrivant à Paris, j’ai eu envie de créer un groupe de ladies ! C’était mon activité à plein temps. Je donnais des cours de danse à des enfants, je continuais à prendre des cours à l’Institut International de la Danse. Quand j’ai commencé à rapper, j’ai mis la danse un peu de côté et maintenant je recherche vraiment la fusion des deux. Aujourd’hui, quand je monte sur scène, c’est avec mon Koala Gang, avec des danseurs, dont Karma. Quand je performe, il y a toujours de la danse et du rap. Ce sont deux parties de moi, je ne peux pas faire l’un sans l’autre.
Ton Titre Dans le truc a été produit par DJ Idem. Comment vous êtes-vous rencontrés et avec-vous collaborés ?
Dans un premier temps, j’ai rencontré le rappeur américain Yaweh. Une copine m’avait bookée sur l’un de ses clips en tant que danseuse. J’ai trouvé qu’il déchirait et à la fin du tournage, je lui ai demandé de me donner mon avis sur mon rap. J’ai mis une instru, j’ai kické, et il m’a dit « il faut absolument que je te présente quelqu’un ». Et cette personne c’était DJ Idem. J’ai rencontré DJ Idem quelques jours plus tard. Il m’a dit qu’il voulait bosser avec moi et m’a proposé de produire mon projet.
Comment composes-tu tes morceaux ? As-tu des thèmes de prédilection ou des rituels d’écriture particuliers ?
Ça dépend du moment. Si j’ai de l’inspiration, je n’ai pas besoin d’instru. À d’autres, ça va être un mood qui va m’inspirer et dès que j’ai quelque chose en tête, je le note dans mon portable. J’aime beaucoup me mettre dans a bulle aussi avec une instru en boucle et j’écris. Je n’ai pas de rituel en fait. J’ai eu une période trap, avec beaucoup d’énergie à dégager, vers 16-18 ans, sans vraiment de thème d’écriture. Maintenant, j’aime bien faire danser les gens. Il faut que ça bouge. J’ai aussi des textes plus intimes mais ils ne sont pas encore sortis.
Comment définirais-tu ta musique ?
Trap hip hop énervée ! Au début, je pensais que ma musique était vraiment pour une certaine audience mais quand j’ai fait des lives à Paris, il y a eu beaucoup de mamas africaines qui sont venues me voir et m’ont dit qu’elles adoraient la vibe afro que j’apportais. Je me suis dit que ma musique pouvait toucher tout le monde. Ce qui compte, c’est l’énergie que tu dégages, peu importe le style que tu fais. On m’a dit que j’étais un cocktail de vitamines et que ça faisait du bien que ça mettait le smile.
Quelles sont les femmes qui t’inspirent ?
Rosa Parks, Missy Elliott, Nicki Minaj, Diam’s, Aretha Franklin, Etta James, j’aime bien les femmes qui ont du caractère et qui pèsent. Ma mère et mes amies aussi. Beaucoup de femmes sont inspirantes au final.
Te définis-tu comme féministe ?
Je ne me définis pas du tout comme féministe parce que je pense que ça ne veut plus rien dire et que ça va trop loin. À la base, je pense que le féminisme c’était pour une bonne cause. Par exemple, là je suis en Afrique, au Sierra Leone, et c’est assez compliqué pour les femmes ici. Elles n’ont pas la même liberté que nous. C’est vrai que le féminisme aurait sa place ici. Mais pour moi, on ne peut pas parler de féminisme en Europe. Quand on a envie d’ouvrir notre bouche en France, personne ne peut nous en empêcher. Je trouve qu’il faut arrêter de dire que les femmes sont les égales des hommes parce que ce n’est pas vrai. On est différents. On a d’autres qualités, on se complète. Je suis humaniste en fait. Je me bats pour les droits de tout le monde et je suis pour la liberté de tous. On a juste besoin d’accepter et respecter la liberté des autres.
Quels sont tes projets à venir ?
Quand je rentre de Sierra Leone, où je suis pour construire le premier skate park d’Afrique de l’Ouest, je vais travailler sur mon EP trap et afro avec des clips et beaucoup de chorégraphies. J’ai envie de présenter tout ce que j’ai appris depuis ces années et d’exposer tout ce que je sais faire. J’aimerais inspirer les femmes à mon tour et leur montrer qu’on peut faire des trucs de ouf.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
C’est une tuerie ! Madame Rap devrait être plus grand, plus connu et plus professionnalisé. Avec de vraies vidéos, du montage. Il faut que toutes les femmes qui font du hip hop puissent se tourner vers Madame Rap pour la promotion. Continuez, force et big up !
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© Maxime Guillemeau