Tu es née à Loveland et vis à Fort Collins. A quoi ressemble la scène hip hop dans le Colorado du Nord ?
Fort Collins est en train d’exploser. Il y a beaucoup de place pour de nouvelles choses et de nombreux artistes et groupes se développent. Le fait de s’inquiéter de qui fait quoi s’est transformé en comment réussir à s’entraider.
Tu as été joueuse de basket. Quels points communs vois-tu entre le basket et le hip hop ?
Un été, j’ai joué en Australie pendant quelques semaines avec l’équipe de mon université et rejoint une équipe qui devait se rendre en Hongrie. On ne m’a jamais proposé de signer un contrat professionnel. La musique a été l’une des raisons qui m’a poussé à m’éloigner du sport. Ce sont les différences entre ces deux milieux qui m’ont amenée à faire de la musique. Les gens n’arrêtaient pas de dire qu’il fallait être de nature compétitive pour réussir dans les deux milieux. Ca me plaît. C’est naturel chez moi.
Sur ta page Facebook, tu cites Queen Latifah, Lady of Rage, les Fugees et Janis Joplin comme certaines de tes influences. Selon toi, pourquoi ces femmes sont-elles spéciales ?
Elles chantent avec leurs tripes et elles ont toujours été des femmes de pouvoir pour moi. En plus, elles sont incroyablement talentueuses. Leur influence est la bienvenue.
Ton dernier EP “Battle Cries” est un message fort d’empowerment par rapport à la sexualité et l’identité des femmes. Dois-tu te battre pour être acceptée telle que tu es sur la scène hip hop ?
C’est délicat. J’ai lutté pour comprendre l’obsession qu’avait le monde avec le fait d’être un homme. J’ai eu du mal à m’accepter pour tout ce que je suis parce que je voulais être la meilleure. Les hommes ont toujours été mieux traités que moi, même si je travaillais plus et si j’avais de meilleurs résultats … La liste est longue. Alors, dans mon esprit, c’était évident que les hommes étaient naturellement meilleurs. Maintenant je nous perçois tous comme de l’énergie. Nous serons toujours l’étiquette que nous avons choisie. Je suis dans une phase créative intensive depuis que je n’ai plus peur de ne pas correspondre à ce que le monde attend que je sois. J’ai aussi compris l’importance de me battre en première ligne pour les droits des femmes. Que ce soit sur scène ou au travail.
Le titre préféré de Madame Rap est “ Pride “. Peux-tu expliquer la genèse de ce morceau ?
Je raconte beaucoup de choses vraies dans ma musique. Je parle de ce qui aurait pu se passer si j’étais née en Californie où vit mon père biologique et je m’excuse auprès de ma mère et de ma fiancée parce que je ne suis pas sûre de vouloir donner naissance à un enfant ou même d’en avoir un. Ma musique reflète vraiment ma vie. Ca m’aide à clarifier mes sentiments et ils peuvent comprendre où j’en suis à travers mon expression artistique. Ce n’est pas facile de parler avec moi. Je deviens très enthousiaste et l’énergie s’intensifie. Dans un passage de cette chanson, je parle de mon beau-père. Il a fait tellement de choses pour nous, je lui suis reconnaissante. Parfois, j’exprime mon amour à travers ma musique. C’est comme ça que je gère mes pensées. C’est comme ça que j’écris. Parfois, j’entends un beat et je me mets à écrire. D’autres fois, j’écris puis j’ajoute un beat. Ce titre était d’abord une lettre.
Le hip hop est généralement considéré comme plus sexiste et homophobe que le reste de la société. Partages-tu cet avis ?
Le monde entier a peur de quelque chose. Je suis là, prête à agir. Nous finirons par mettre un terme à tout ça.
Te définis-tu comme féministe ? Pourquoi ?
Je me considère comme une battante. J’essaie toujours d’aider ceux qui en ont besoin. A un moment donné, il faut se défendre. Je n’aime pas trop les étiquettes, mais la société se fait sa propre opinion.
Qu’écoutes-tu en ce moment ? As-tu écouté l’album surprise de Kendrick Lamar “Untitled Unmastered “. Si oui, qu’en as-tu pensé ?
Je suis d’une humeur très créative en ce moment alors j’écoute beaucoup de morceaux instrumentaux. Honnêtement, je ne l’ai pas écouté. Je tente de trouver une créativité originale sans être influencée par les autres. J’essaie surtout d’être inspirée par leur engagement et leur travail.
Quels sont tes projets à venir ?
Je travaille sur un EP éponyme. Je veux juste continuer à être dans une bulle créative. Je fais aussi un peu d’autoproduction en live. Je crée des beats sur scène avec un mini synthétiseur et une boîte à rythme Maschine Mikro. C’est génial. Je ne suis pas pressée de sortir un autre EP cette année. Je préfère me concentrer sur mes projets actuels et les faire aboutir.
Que penses-tu de Madame Rap ? Des choses à changer/améliorer ?
On vient juste de se rencontrer. On verra bien !
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